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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 10:49

Extraits d'un article du Monde 30-01-2014 Par Benoît Hopquin et Frédéric Potet

L'obsession de Tardi pour cette boucherie que fut 14-18 tient davantage de l'indignation personnelle que de la fascination morbide. Son amorce remonte aux récits qu'en faisait sa grand-mère lorsqu'elle évoquait son mari, rescapé de l'horreur. Un jour de bombardement, celui-ci avait plongé ses mains dans les entrailles d'un cadavre oublié. Au « traumatisme familial » s'est ajoutée chez Tardi la nécessité d'une mission : dénoncer la folie militaire en décrivant, au plus près, le quotidien des soldats. « Mes livres ne racontent pas la guerre, il y a des ouvrages d'historiens pour cela, explique-t-il. Je me fiche des dates, des chiffres, des kilomètres parcourus, du poids des obus, des stratégies mises en place… Ce qui m'intéresse, c'est la vie du pauvre type qu'on a envoyé au casse-pipe. Comment a-t-il pu endurer tout cela ? »

Artiste et non historien, Tardi n'en défend pas moins une thèse soutenue par un courant de pensée selon laquelle les poilus n'auraient pas « consenti » au sacrifice, comme il est fréquent de le lire, mais qu'ils y auraient été « contraints »de multiples façons. « Pensez-vous vraiment que le gars qui se prenait des éclats de shrapnel sur la tronche adhérait à ce principe de “sacrifice librement consenti” qu'on a inventé par la suite ?, interroge le dessinateur. Dès la première permission, les gens se sont rendu compte que ce ne serait pas un week-end à la campagne et qu'ils ne seraient pas à Berlin à Noël comme on le leur avait dit », poursuit-il.

Tardy et la Mission du Centenaire

 

 

Palpable dans chacune de ses planches, ce positionnement explique en partie les démêlés qu'a rencontrés Tardi avec la Mission du Centenaire mise en place par le gouvernement. Celle-ci s'était rapprochée de lui il y a deux ans pour qu'il réalise un logo. Tardi avait accepté la commande et dessiné un « poilu » assis sur une caisse, « avec la tête de celui qui n'a pas vraiment envie d'y retourner ». La collaboration s'était poursuivie par le lancement d'un ambitieux projet : la création d'une fresque de 130 mètres de long qui aurait été installée sur le parvis de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Tout est tombé à l'eau début 2013 quand Tardi a appris que son nom figurait sur la liste des récipiendaires de la Légion d'honneur.

 

TARDY et la légion d'honneur

« On me l'a attribuée d'autorité sans que je n'aie rien demandé, s'en offusque-t-il encore. Je n'ai pas aimé cette façon de faire. C'est comme si l'on m'avait craché à la figure. » Son refus de la plus haute décoration honorifique française ne fut que le début de la mutinerie. Craignant d'être récupéré d'une manière ou d'une autre, Tardi décide d'arrêter toute collaboration avec la Mission du Centenaire peu de temps après. « Je voulais garder ma liberté et ne pas me mettre dans une situation d'acceptation, indique-t-il. J'entendais déjà se prononcer des discours officiels bon teint qui allaient sublimer le magnifique sacrifice des soldats alors qu'on les a pris pour du bétail à l'époque. Je ne me voyais pas participer à cette mascarade. Le baratin officiel n'a rien à voir avec la réalité d'un conflit auquel se sont rendus des gars vêtus de pantalons rouges. C'est criminel de faire ça ! »

....

Le mariage n'aurait pas tenu longtemps quoi qu'il en soit, de l'avis implicite des deux parties. « Il est certain que notre vocation n'est pas de faire l'éloge de la désobéissance et des mutineries », assène Joseph Zimet. « Je me vois plus déserteur que héros », admet de son côté Tardi, droit dans ses godillots.


Tardi et la Grande Guerre, exposition. Festival international de la bande dessinée, site Castro, 121, rue de Bordeauxà Angoulême. Du jeudi 30 janvier au dimanche 2 février, de 10 heures à 19 heures. Bdangouleme. com

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Published by JM Roy - dans médias